LE P O R T I Q U E CENTRE RÉGIONAL D'ART CONTEMPORAIN DU HAVRE
L P

Expositions

Pierre-Laurent Cassière
Inertie

Du 01.02.2013 au 02.03.2013

Le travail de Pierre-Laurent Cassière se concentre sur des expériences perceptives et sensorielles liées au mouvement. À la fois influencé par l’archéologie des medias et les découvertes scientifiques, l’artiste se plaît à jouer avec les avancées et progrès, proposant, en contrepoint, des installations minimales. À l’exhibition de la technique, il préfère l’épuration formelle : point d’esbroufe, ni de surenchère dans ce travail qui s’inscrit aux frontières du monde perceptible. Pierre-Laurent Cassière mêle différents médias au sein de sa pratique. Explorant tour à tour le son, le mouvement, l'image, il réalise des films expérimentaux ou des installations sonores.

Pour son exposition au Portique, l'artiste implique le visiteur dans un dispositif minimal et met les sensations de ce dernier à l'épreuve proposant une expérience spatiale où l'ouïe, la vue et le toucher sont sollicités. Loin d’une installation imposante, Vent tendu est une œuvre volontairement épurée : un mince câble d’acier traverse en diagonale l’espace d’exposition, redessinant ainsi le volume. Apparemment immobile et silencieux, le câble, support froid et déshumanisé, se révèle vivant et habité par un son. Par un simple contact avec le câble tendu, le visiteur entend une émission sonore jusqu’alors inaudible dans l’espace acoustique. En effet, les vibrations sont bel et bien présentes dans la ligne vibrante, mais seul un contact direct de l’oreille avec celle-ci permet d’entendre les échantillons de vent qu’elle diffuse. Il faut donc effectuer une démarche vers la matière, au cœur de la matière pour percevoir le son qui s’y love. Le vent traverse l’espace, mais n’en perturbe pas l’air, délaissant l’écoute acoustique (par l’air) au profit d’une écoute solidienne (par la matière). Le corps se mue en lieu d’écoute, alors que l’écoute détermine sa position dans l’espace. Chacun, dans le rapport qu’il entretient avec la sculpture, dans la posture qu’il adopte pour prêter l’oreille, crée une relation physique et intime à l’œuvre. La vidéo Tracks joue également sur la perturbation des habitudes perceptives : une fois le paysage renversé, les lignes verticales en mouvement produisent un tableau cinétique abstrait, évoquant le défilement de la pellicule du film. Ici, le silence évocateur rend hommage au septième art, à la genèse de l’image-mouvement. Filmant les rails, l’artiste rejoue les premiers moments du cinéma, ceux qui virent l’entrée du train à La Ciotat filmé par les frères Lumière. Tracks effectue un retour aux sources, lançant sur une piste : celle de l’histoire du mouvement, de sa capture et de sa fixation sur un support.

L'exposition Inertie met en scène des paradoxes : le mouvement y est immobile, le son silencieux.

L’artiste propose un voyage au cœur de l’intimité des corps : corps de la matière, corps de l’objet, corps humain.

Inertie est une proposition poétique où chacun, pénétrant dans l’espace d’exposition, abandonne ses certitudes et ses repères pour s'abandonner à un nouvel espace-temps.