Du 22.04.2016 au 02.07.2016
Réenchanter le quotidien : le jardin luxuriant de Michel Blazy
Michel Blazy se plaît à interroger le vivant, sous toutes ses formes. De l’humain au végétal, l’artiste questionne notre environnement, nos us et coutumes, réintroduisant de la poésie dans le quotidien. Son inspiration, il la puise dans son jardin, dans sa vie même et dans tous les objets qui constituent des repères pour l’homme, dans la société contemporaine.
Au Portique, l’artiste transforme le sacro-saint white cube en boutique de mode, une sorte de «concept store», où des appareils de consommation courante et des vêtements s’exposent, sans être à vendre, sortis du système, mais enrichis d’un nouveau sens. Invitation à observer notre monde et nos habitudes, sa scénographie bouscule les codes de monstration. Espace de mode branché, Le Portique exhibe alors les rouages d’une société dont les ressorts sont la possession, le matérialisme, le jetable. Pour l’artiste, dont la matière première est le vivant, tout se transforme, rien ne disparaît. Les appareils de haute technologie se muent en réceptacles végétaux, la nature regagnant peu à peu ses droits sur le matériel. Des entrailles d’imprimantes, d’ordinateurs portables, de machines à café jaillissent des plantes. Ces objets dont la durée de vie est volontairement limitée, selon le principe de l’obsolescence programmée, retrouve un second souffle, perpétuant le cycle naturel. Vêtements et chaussures sont eux aussi gagnés par cette conquête galopante du végétal : ces icônes de la société de consommation s’effacent au profit d’un extraordinaire jardin.
Alors que les boutiques sont des lieux destinés à attiser l’envie, le désir et à déclencher l’achat, la proposition de Michel Blazy invite le visiteur à marquer une pause et à contempler le quotidien, soudainement réenchanté par le retour de la nature. Différentes temporalités se dévoilent : le temps éphémère de la mode et de la tendance, le temps de la transformation de la matière et le temps de la plante qui, chaque jour, croît, se développe.
Loin d’opposer nature et culture, Michel Blazy matérialise par son travail le lien invisible qui se tisse entre différents éléments : de la haute technologie travaillée et transformée par et pour l’homme au végétal, qui, sans intervention humaine, continue d’écrire l’histoire du vivant.
Avec humour et poésie, l’artiste met en scène la société de consommation. Consommables et oeuvres d’art se confondent dans son jardin extraordinaire. Du produit manufacturé à la libre émancipation du végétal, ses pièces matérialisent le passage du temps et celui de la mutation, mettant en scène le cycle de la vie. Livrant les objets au travail hasardeux du vivant, Michel Blazy laisse la nature faire, libérant les objets de la vulgaire enveloppe fonctionnelle dans laquelle ils sont enfermés. Une reconquête de la nature et de la liberté de l’homme, qui en s’émancipant du diktat de la consommation, renoue avec sa nature même : le vivant