Du 17.02.2018 au 14.04.2018
Le travail de Mathieu Mercier questionne la place de l’objet, tant dans la dimension domestique que dans le champ de l’art. Il est beaucoup question de jeu dans les pièces réalisées par l’artiste : jeu avec les sens et statuts de l’objet, associations d’objets et d’idées, réseau de références (constructivisme, abstraction géométrique, minimalisme etc.).
L’exposition présentée au Portique, La Case départ, décline ces mêmes préoccupations, comme en atteste le titre qui renvoie aux jeux de plateau et au lancement d’une partie. « La case départ, c’est évoquer les origines havraises de ma famille, mais aussi la place de l’école dans l’appréhension des savoirs. Je décline différents états du jeu : le jeu de l’art, le jeu de la vie, le jeu de l’école », commente l’artiste qui, pour les besoins de l’exposition, a rejoué avec l’espace du site.
Des volumes qui sont spécifiques et rappellent la fonction première du site : être un lieu d’éducation et d’enseignement. « L’exposition se constitue avant tout avec l’espace, avec ce qu’il offre à voir. »L’artiste réorganise le lieu, proposant une nouvelle déambulation, un nouvel équilibre. Projection de ce même équilibre que cherche à atteindre l’artiste « entre concept, percept et affect, afin de maintenir l’intérêt des visiteurs ».
Au premier étage, derrière un plexiglas, reposent des objets en lien avec le monde administratif. Au sol ou exposés, ces éléments se répondent et se doublent : la répétition participe du jeu visuel, de l’effet troublant ressenti par le visiteur. Le regard se double et met en éveil, jouant sur la surprise.Que disent les objets mis en scène sur le réel, sur leur fonction ? Les sculptures sur table poursuivent ces questionnements et s’amusent avec la perception et le matériau. Une succession de jeux et d’expérimentations simples rejouent les formes et figures, oscillant entre tests psychologiques et tests visuels, sans jamais affirmer l’une ou l’autre dimension.
Prototypes, éditions, pièces... Mathieu Mercier expose des pièces aux statuts différents, des pièces indépendantes qui, recontextualisées, se rejouent et dialoguent pour décliner une thématique autour du jeu. « Je pense les abstractions et j’y colle du réel, mêlant perceptions, jeux et plaisir. On trouve ces différentes strates dans ma pièce qui reproduit une housse de vélo sur laquelle une espèce de ligne libre fait des boucles. Cette forme renvoie tant à l’ennui quand on trace des boucles pour s’occuper qu’au désir d’évasion. Le vélo est à la fois un moyen d’échapper à l’enfance et d’y rester en tant qu’adulte. »
Mathieu Mercier refuse qu’un texte se transforme en notice explicative, qu’il enferme les lectures pour finir par verrouiller l’oeuvre. Son travail atteste de ces multiples strates et différents niveaux de lecture : mêlant et maîtrisant les éléments (matériaux, forme, proportions), l’artiste implique le regardeur dans son dispositif pour que ce dernier y projette l’ensemble de ses connaissances et y associe chaque détail. Puisant dans le réel des objets domestiques, Mathieu Mercier s’amuse avec les formes, les sens, les références pour reconstruire un réseau de connaissances, pour proposer une appréhension cognitive personnelle et ludique du monde.