LE P O R T I Q U E CENTRE RÉGIONAL D'ART CONTEMPORAIN DU HAVRE
L P

Expositions

Helmo
Stratigraphie

Du 17.05.2013 au 29.06.2013

Invité du Portique pour cette 5e édition de la Saison Graphique, le duo Helmo, composé de Thomas Couderc et Clément Vauchez, poursuit la réflexion entamée avec l'exposition éponyme qui s'était déroulée à Nancy en 2012. Le principe ? Prendre des affiches et les recouvrir pour faire disparaître les signes initiaux, en faire émerger de nouveaux et ainsi brouiller les pistes, recréer une image en dissimulant l'ancienne. Par ce jeu de recouvrement, il s'agit moins de tuer l'affiche originelle que d'en faire naître une nouvelle, moins de banaliser l'image que de la désacraliser. L'exposition Stratigraphie présentée au Portique continue d'explorer ces interrogations sur le statut des images et des signes. Cette fois-ci, Helmo en rajoute une couche ! Les affiches de commande détournées et présentées à Nancy font l'objet d'un nouveau recouvrement. Les strates s'accumulent, se superposent dans un double mouvement. En même temps que l'affiche recouverte s'efface, apparaît une nouvelle image, véritable variation sur une représentation qui évolue selon le statut et le contexte. Ainsi, rien n'est figé. Les affiches de commande ont depuis longtemps disparu. Désormais, c'est au tour de celles de l'exposition nancéienne d'être recouvertes, révélant de nouveaux signes, composant une nouvelle chromatique et une composition graphique originale. Par ce geste, Helmo n'oppose plus art et graphisme, mais instaure un dialogue entre les deux expressions, révélant la subjectivité inhérente à toute pratique esthétique. Les strates s'accumulent : l'affiche de commande se mue en œuvre d'art, devenant unique et non reproductible. L'installation accompagne ce glissement du graphisme à l'art : ici, au mobilier urbain est substituée une forêt de signes dans laquelle le visiteur est invité à déambuler. Les affiches ont quitté les murs et panneaux Decaux qui les accueillent ordinairement pour des panneaux de bois stylisés, partie prenante d'une scénographie où chacun peut recomposer à loisir les affiches, à partir des traces laissées de-ci de-là. Aidé par un journal dans lequel les motifs ayant contribués à la réalisation des affiches sont consignés, le visiteur se promène dans une forêt de signes, traquant les indices et traces d'un passé désormais masqué. Helmo présente des palimpsestes graphiques : interrogées, les nouvelles affiches dévoilent alors les éléments d'une image « primitive » aujourd'hui partiellement dissimulée. Stratigraphie est certes une exposition où le recouvrement devient art, mais c'est aussi une invitation à réfléchir sur la disparition d'un signe et sur l'effacement d'une image. Qu'advient-il de ce qu'on voit ? Quel message rétinien persiste ? Comment se construit un message dans un ensemble de signes ? Helmo révèle par cette surabondance de couches et de strates les motifs qui s'y cachent, conduisant ainsi, et paradoxalement, à une lecture épurée de l'affiche. L'accumulation des couches, loin d'effacer les gestes successifs, les "exhibe" progressivement, renouvelant le regard et le sens. Stratigraphie est une exploration au cœur du processus graphique, voyage dans les signes et traces d'une expression visuelle qui, ainsi, revisitée aboutit à une relecture des formes. Les indices de jadis contribuent à élaborer les motifs d'aujourd'hui et les signes de demain : de l'ancien émerge la nouveauté.