Du 23.06.2018 au 23.09.2018
Après avoir accueilli, dans le cadre d'Un été au Havre 2017, les artistes Stéphane Thidet, Vincent Ganivet et Julien Berthier, Le Portique présente, pour la deuxième édition de la manifestation, le travail de David Raffini et Florian Pugnaire. Si chacun mène des recherches individuelles et autonomes, les deux artistes, qui se sont rencontrés à la Villa Arson, poursuivent également une démarche commune et collaborative.
Avec le duo Raffini-Pugnaire, le travail mené en atelier s'expose. Sous la forme de sculptures, de performances, mais aussi de films... Autant de médiums, de supports et matériaux avec lesquels les artistes traduisent le processus de création qui est le moteur de l'art. Il est aussi question, dans ce travail protéiforme, d'expérimentations, de torsions, de jeux avec les temporalités. "Vidéo-sculpture" ou "oeuvre-événement", les pièces présentées sont hybrides. Convoquant différents supports et matériaux, elles témoignent de la mutation des objets quotidiens vers le statut d'oeuvres.
Pour le Portique, qui produit cette nouvelle version, les artistes rejouent la pièce Onde, présentée dans le cadre de la FIAC 2017, dans les Jardins des Tuileries. Des tôles froissées, figées témoignent du geste révolu, du temps suspendu. Placées les unes à côté des autres, les tôles au fil du temps se déforment, préfigurant un effondrement, comme la chute en chaîne de divers éléments. Adaptée à l'espace, cette installation, initialement conçue pour 24 tôles, en comporte , 13 afin de respecter la répartition in situ.
Quant à la pièce Energie sombre, pour laquelle le duo a reçu, en 2015, le prix de la Fondation Ricard, elle enregistre plusieurs temporalités et états de la transformation d'une carcasse en sculpture, sorte de découpage des différentes strates qui concourent à la transformation de l'objet industriel en oeuvre d'art. Autant d'états et de mutations que révèle ce travail commun... Florian Pugnaire et David Raffini mènent, indépendamment, de leurs collaborations régulières, un travail autonome qui viendra rythmer l'exposition du Portique, baptisée "Ressac". "Ressac" pour signifier le mouvement, le remous, le changement à l'oeuvre dans chacune des pièces présentées. Mais aussi "ressac", autre manière voilée de parler de la rupture et de l'énergie nécessaires à la réalisation des pièces qui viennent "casser" le mode de présentation et d'exposition, conviant les spectateurs à suivre la désagrégation des formes, le passage d'un état à un autre et les étapes de la création, dans une lente agonie des matériaux. Autant de préoccupations présentes dans les peintures de David Raffini qui, investissant un autre médium, continue de questionner les matériaux et leurs mutations à des fins artistiques. En témoigne une grande peinture décomposée en neuf panneaux, chacun étant issu d'un fragment du sol de l'atelier de l'artiste : cette peinture résiduelle ainsi présentée fait entrer l'espace de création dans l'espace d'exposition. De son côté, Florian Pugnaire joue sur la distorsion du métal et le travail du temps sur la matière qui évoque l'érosion, l'usure... Encore une fois, la transformation.
Pugnaire et Raffini mettent en scène le temps et ses effets sur la matière, le monde environnant. C'est ce même temps qui déforme, transforme, provoquant des relectures permanentes des oeuvres et des objets. Tous les éléments présentés participent d'un travail général qui pose question sur le processus de création, dont le résultat devient palpable, matériel et visible, via les oeuvres. Les artistes, rendant lisibles la manière de produire et de fabriquer les pièces, ramènent l'atelier et la question de la pratique dans l'espace d'exposition. Encore une translation, une transition, une mutation...