Du 03.05.2010 au 02.07.2010
Pour son exposition au Portique, le collectif FLAG a choisi de déstructurer l'espace initial, de le scinder afin de proposer une présentation plurielle de son travail. Pénétrant dans un long corridor dont les murs sont habillés d'affiches et de différents objets graphiques qui permettent de se familiariser avec l'environnement créatif des FLAG, le spectateur est invité à reconstituer un parcours professionnel, à s'imprégner de l'esthétique des artistes. Différents travaux de commande sont présentés : des affiches réalisées pour le théâtre de Berne, du papier à en-tête avec le logo du studio de graphisme, des cartes de visite, offrant un rapide balayage de la carrière du duo. Jouant sur les dimensions et l'horizontalité, l'accrochage de ce premier espace reprend, grandeur nature, les éléments importants de la conception graphique : occupation de l'espace et agencements. Les travaux présentés sont tantôt grands, tantôt petits ; ce jeu sur les échelles donnant un rythme visuel à l'ensemble. Cette première pièce est bel et bien graphique, tant dans la présentation que dans l'esprit. Toutefois, on aperçoit, dans l'un des murs, une brèche qui vient briser cette harmonie visuelle.
L'exposition semble se poursuivre de l'autre côté. Le plus peureux engagera son oeil dans cette fissure pour y apercevoir des objets, un mobilier, des photographies accrochées. Le plus téméraire franchira l'obstacle. Le visiteur est impliqué dans le dispositif : pour passer de l'autre côté, il faut enjamber cette entaille et se laisser happer par ce nouvel espace. On découvre alors une pièce sombre, baignée d'une lumière noire, matérialisation du dark side qui se love en chacun de nous. Sur des étagères de fortune reposent des cruches qui, rapidement, se révèlent être déformées, transformées pour s'éloigner de la condition première de l'objet. Une multiplicité de brocs envahit l'espace, cet objet usuel et quotidien se mue en une forme insolite, sans utilité. Les FLAG prennent alors le contre-pied du design : la cruche perd son caractère utilitaire pour retrouver une noblesse esthétique, évoquant le motif présent dans La Cruche cassée de Greuze ou La femme à la cruche de Vermeer. Le beau prime sur la fonction ; le récipient devient décoratif. Cette ornementation est soignée : les dessins que l'on peut découvrir sur chaque pièce sont délicats et mêlent les représentations classiques à des images résolument modernes . Tout est éclaté : les temporalités et époques fusionnent. Le classicisme des dessins et de l'accrochage mural s'entrechoquent avec la lumière contemporaine des dance-floors.